Le sondage de l’ACT sur les puffs ou comment fabriquer de la fake news pour influencer les politiques, les médias et l’opinion publique

Le sondage de l’ACT sur les puffs ou comment fabriquer de la fake news pour influencer les politiques, les médias et l’opinion publique

D’après les résultats d’un sondage BVA, les puffs représentent une porte d’entrée pour les jeunes vers la cigarette électronique. Cette enquête commandée par l’Alliance contre le Tabac n’est fondée sur aucune analyse sérieuse malgré sa large diffusion dans les médias. Le sondage a été réalisé sous forme de taux, mais il n’y a pas un élément pertinent qui est présenté. Les conditions dans lesquelles l’enquête est menée ne sont pas connues de même que la taille de l’échantillon interrogé. Est-ce donc un sondage fiable de l’ACT sur les puffs ? Ou une stratégie pour manipuler la vérité et fabriquer de fakes news afin d’influencer l’opinion publique et les politiques ? Focus!

Un faible échantillon de 400 adolescents

Au moment de présenter les résultats du sondage de l’Alliance contre le Tabac, le nombre d’adolescents interrogés n’a pas été mentionné. Pour avoir une idée sur la taille de l’échantillon sondé, vous devez vous procurer le rapport final de l’enquête, fourni par la BVA à l’ACT. L’instance qui a mené le sondage a fait le travail en se basant sur une population juvénile de 400 jeunes. Pour rappel, ces derniers ont entre 13 et 16 ans et 29 % d’entre eux sont des lycéens.

Pourtant, dans sa sortie médiatique, ce nombre est un détail important que l’Alliance contre le Tabac a omis de préciser de même que d’autres paramètres. Comme vous l’aurez compris, c’est un faible échantillon qui ne peut pas permettre d’obtenir des résultats fondés sur la réalité. Arriver à tirer des conclusions pour l’ensemble de la population sur la base de ce chiffre est un acte malhonnête de la part de l’ACT.

Un taux de 5 % de consommateurs occasionnels de puffs

L’autre détail qui confirme le manque de véracité dans le sondage de l’ACT est relatif à la présence d’utilisateurs occasionnels. En effet, parmi les 400 adolescents interrogés, 5 %, soit 20 jeunes, affirment se servir d’une puff de temps en temps. En d’autres termes, ils ne sont pas de réels consommateurs de ces produits. Cependant, l’Alliance contre le Tabac ne donne pas ce pourcentage, qui vient biaiser complètement les résultats.

L’organisation antivape inclut aussi les 2 %, soit huit adolescents, qui déclarent qu’ils n’utilisent plus les puffs. De plus, il y a 6 %, soit 24 jeunes, qui disent qu’ils ont juste essayé ces produits une ou deux fois. Il en ressort qu’aucun jeune n’a déclaré qu’il consomme fréquemment ni régulièrement ce produit. Pourtant, l’ACT affirme que seulement 13 % des adolescents interrogés ont déjà utilisé la puff.

Contrairement à ce que la déontologie exige, aucun journaliste n’a pris la peine de vérifier ces propos depuis octobre. L’enquête de BVA pour le compte de l’ACT ne mentionne aucune donnée sur l’utilisation ou non de nicotine par les jeunes. Alors que le communiqué de cette organisation prétend que la puff constituerait une incitation à la nicotine pour 28 % des adolescents.

Le nombre de personnes ayant arrêté de fumer après la consommation de puff

Dans le communiqué de l’ACT, il est fait mention de 17 % de jeunes qui ont essayé la puff. Puis, qui ont pris une autre forme de produit à base de la nicotine ou du tabac comme une sorte de preuve de l’effet passerelle. Derrière les taux annoncés, il s’agit de huit jeunes qui ont affirmé qu’ils ont consommé la puff avant de fumer ou de passer au vapotage. C’est bien évidemment un faible nombre qui ne devrait pas apparaître dans un sondage qui se veut sérieux et fiable. Il serait difficile de déterminer combien d’adolescents parmi les huit ont été au-delà de l’essai de la cigarette ou du vapotage.

En outre, il y a un autre facteur capital qui n’est pas signalé par l’Alliance contre le Tabac. En effet, 35 jeunes interrogés disent qu’ils se sont mis à fumer après avoir essayé la puff. Dès lors, la question se pose de savoir combien d’entre eux ont arrêté la cigarette une fois qu’ils ont consommé cette dernière. C’est une donnée qui n’est non plus publiée dans les résultats de l’enquête de cette organisation.

Alors qu’il y a plus de jeunes fumeurs, notamment 35, qui ont essayé la puff, que le contraire (8). Autrement dit, l’ACT insiste sur la porte d’entrée vers le tabagisme que représente la puff en oubliant que celle-ci constituerait plutôt une porte de sortie. C’est donc une communication douteuse qui ne présente pas assez de preuves pouvant corroborer les affirmations.

L’aspect relatif au tabac omis par l’ACT

BVA, qui a dirigé le sondage, précise que la cigarette demeure le premier produit du tabac fortement consommé. Alors que pendant sa sortie médiatique, l’Alliance contre le Tabac n’a pas repris cette affirmation. De plus, BVA a eu l’amabilité de préciser dans son rapport que le tabagisme parental a une forte influence sur les résultats.

Les pourcentages d’expérimentation des différents produits sont multipliés par plus de 1,5 avec un géniteur fumeur. Ce taux est multiplié par près de 2,5 lorsqu’il s’agit des deux parents fumeurs. L’éventuelle surreprésentation des enfants de consommateurs pourrait alors avoir altéré les résultats de l’enquête.

Une mauvaise présentation des résultats du sondage par l’ACT

Un sondage d’opinion doit avoir des limites affiliées afin de mieux appréhender la problématique épidémiologique dans sa globalité. Dans le cas d’espèce, cette enquête a été réalisée sur un échantillon très faible, composé d’adolescents en bas âge. En dehors de cet élément, les résultats ont été annoncés de manière inappropriée, déloyale, lacunaire et sans aucune consistance.

L’ACT a caché la taille de l’échantillon et elle a présenté les chiffres sous forme de pourcentage trompeur. Il y a eu aussi un amalgame de simples essais, car des jeunes ont affirmé qu’ils n’utilisent plus les puffs. À cela, s’ajoutent les consommateurs occasionnels et un oubli délibéré de la faible proportion que représentent ceux-ci. De plus, les propos de l’Alliance contre le Tabac sont axés sur l’incitation à la nicotine alors qu’aucun élément tangible ne prouve ces dires.

L’organisation a également omis de mentionner le nombre de personnes qui ont arrêté de fumer grâce à ces produits en insistant plutôt sur l’inverse. Dès lors, toute prise de décision politique basée sur ces affirmations serait irresponsable et pourrait impacter des millions d’individus. Il est même inquiétant qu’autant de journalistes, de médias et l’Académie de médecine n’aient pas songé à vérifier ces données avant de les publier. Ces actes renforcent la méfiance du public vis-à-vis de ces métiers et nourrissent la défiance de la population envers ces institutions.

No Comment

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *